La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une baisse de 25 points de base de ses taux directeurs, justifiée par un euro plus fort, une baisse des prix de l’énergie et une révision à la baisse de ses prévisions d’inflation.
Le taux de la facilité de dépôt passe ainsi à 2 %, contre un sommet de 4 % atteint à la mi-2023. Avant cette annonce, les marchés anticipaient déjà une telle baisse avec une probabilité de près de 99 %, selon les données de LSEG.
« Cette décision de réduire le taux de la facilité de dépôt — principal instrument de pilotage de la politique monétaire par le Conseil des gouverneurs — repose sur une réévaluation de la trajectoire de l’inflation, de l’évolution de l’inflation sous-jacente et de la solidité du mécanisme de transmission monétaire », a précisé la BCE dans un communiqué.
Peu après la décision, l’indice paneuropéen Stoxx 600 est resté stable, avec une légère hausse d’environ 0,3 %, tandis que l’euro progressait de 0,2 % face au dollar.
L’inflation dans la zone euro est tombée à 1,9 % au mois de mai, en deçà de l’objectif des 2 % fixé par la BCE, selon les premières estimations publiées cette semaine. Ce ralentissement a conforté l’institution monétaire dans sa volonté d’assouplir sa politique.
Dans ses nouvelles projections économiques publiées ce jeudi, la BCE prévoit désormais une inflation moyenne de 2 % en 2025, contre une estimation de 2,3 % en mars dernier. Cette révision de 0,3 point de pourcentage pour 2025 et 2026 s’explique principalement par la baisse anticipée des prix de l’énergie et par un euro plus fort, selon la banque centrale.
Parallèlement, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentation, a été revue à la hausse : elle est désormais attendue à 2,4 % pour 2025, contre 2,2 % lors des précédentes prévisions de mars.
Malgré l’assouplissement monétaire en cours, la croissance économique reste modeste. Au premier trimestre 2025, le produit intérieur brut de la zone euro n’a progressé que de 0,3 %.
Pour l’ensemble de l’année 2025, la BCE maintient cependant sa prévision de croissance à 0,9 %. Cette stabilité masque une dynamique contrastée : une performance robuste au début de l’année, mais un affaiblissement anticipé sur le reste de l’exercice.
« L’incertitude entourant les politiques commerciales devrait peser à court terme sur l’investissement des entreprises et les exportations. Toutefois, l’augmentation des investissements publics, notamment dans la défense et les infrastructures, devrait soutenir la croissance à moyen terme », a souligné la BCE.
Cette décision intervient à un moment charnière pour l’économie européenne, confrontée à des tensions géopolitiques croissantes et à un climat d’incertitude accru, tant pour les entreprises que pour les décideurs politiques.
La politique tarifaire du président américain Donald Trump demeure une source majeure d’inquiétude. Les nouveaux droits de douane pourraient freiner significativement la croissance, notamment dans des secteurs clés pour l’Europe comme l’automobile ou l’acier.
L’impact de ces mesures sur l’inflation reste difficile à anticiper. Tout dépendra, selon les responsables européens, de la nature de la réponse de l’Union européenne. Si pour l’instant aucune mesure de rétorsion n’a été mise en œuvre, les dirigeants de l’UE affirment être prêts à agir si la situation l’exige.
Par ailleurs, des incertitudes subsistent quant aux effets économiques d’une augmentation des dépenses militaires prévues dans plusieurs pays européens, une variable de plus dans une conjoncture déjà délicate.