Le Président Nanan Akuffo Addo. Il avait exclu toute assistance du FMI au début de son mandat en 2017 affirmant que " l'Afrique devait sortir de la mendicité ". Aujourd'hui Il appelle cette institution au secours.

Le 18 Janvier dernier, le Ghana n’honorait pas une échéance sur sa dette extérieure, confirmant ainsi les prévisions des agences de notation qui avaient dégradé la note souveraine du pays en 2022.

 

Le Ghana avait été jugé moins solvable que le Mali, un pays qui connaît pourtant les difficultés que l’on sait.

 

Second producteur africain d’or, second producteur mondial de cacao, et second producteur ouest-africain de pétrole, le Ghana n’est pourtant pas dépourvu de richesses. Comment expliquer ces contre performances pour un pays qui est souvent pris en exemple par les Ivoiriens ? 

 

La décision du Ghana de ne pas honorer le remboursement de sa dette n’était pas vraiment une surprise. Le 19 Décembre dernier, le gouvernement  avait préparé les esprits en annonçant un « moratoire »  ( la suspension avec effet immédiat ) sur le remboursement des emprunts extérieurs.

 

En clair, l’échéance du 18 Janvier ne serait pas honorée. Pourtant lorsque les agences de notation occidentales ont dégradé sa note souveraine en juin 2022, les autorités se sont dites « déçues » de ces agences, ont crié au scandale, et appelé à la création d’une « agence de notation africaine ». 

Avec une inflation de 54%, un cedi qui a perdu 50% de sa valeur par rapport au dollar et qui continue de se déprécier, et une dette qui représente 80% du PIB, les finances du pays sont dans le rouge.

A titre de comparaison, les pays de l’UEMOA sont tenus de ne pas avoir une dette qui excède 70% de leur PIB.  

 

 

 

Le 29 Juin 2022, des femmes ont manifesté dans les rues d’Accra avec des casseroles vides, pour dénoncer la cherté de la vie.

Ce qui a amené le Président Nana Akuffo Addo à précipiter sa décision de solliciter l’aide du FMI , ce qu’il a fait moins de 02 jours plus tard, soit le 01 Juillet.

Or, à sa prise de fonction en 2017, l’homme avait exclu tout recours à cette institution, il avait fait sensation en déclarant avec fracas que  « l’Afrique devait en finir avec la mendicité ».

Il faut dire que la dette souveraine du pays est une préoccupation depuis 2016, année au cours de laquelle le Ghana détenait le titre peu enviable de pays le plus endetté du continent. 

 

L’une des causes du surendettement du Ghana tient en une erreur d’anticipation des dirigeants en place entre 2011 et 2016, période au cours de laquelle la dette souveraine de ce pays a accéléré.

 

Revenons en arrière. Timide dans le pays, l’exploitation pétrolière connaît une brusque accélération avec la découverte de l’immense gisement du « jubilee » en 2007, lequel entre en exploitation en 2011. 

 

Les perspectives semblent prometteuses. Conjuguée à la stabilité politique avec des alternances au sommet de l’Etat, le Ghana devient le « chouchou » des institutions financières internationales et des marchés financiers, il est partout cité en exemple.

 

Ces emprunts ont la côte. Et c’est sur la base de ces bonnes perspectives de croissance des recettes pétrolières que le pays commence à emprunter massivement sur les marchés internationaux, émettant des eurobonds d’ 1 à 2 milliards de dollars chaque année à partir de 2011, voire 3 milliards en 2019.