L’Afrique à connu au cours de ces dix dernières années des progrès remarquables en matière de démocratisation et de coopération tout en enregistrant des taux élevés de croissance économique.
Alors que sa partie ouest était en proie à la guerre civile et aux soubresauts politiques pendant les décennies 1980 et 1990 et qu’elle était fragilisée par des difficultés de gouvernance,cette sous-région à retrouvé son identité et son élan depuis les années 2000.
En particulier,la croissance économique a été soutenue depuis 2005.Paradoxalement, ces progrès ont généré des tensions qui risquent de compromettre l’émergence de l’Afrique.Cette situation montre la nécessité d’une prise en compte systématique de la paix et de la sécurité dans les politiques de développement . Mais avant,il importe de passer en revue les défis sécuritaires auxquels fait face l’Afrique et d’insister sur l’importance de la paix et de la sécurité pour le développement.
Les principaux défis sécuritaires qui s’imposent à l’Afrique sont les conflits politiques débouchant sur des crises armées ; la radicalisation;le terrorisme;Le trafic de drogue et d’armes;la piraterie maritime et le blanchiment d’argent.
En somme,les différents défis sécuritaires relevés ont des conséquences néfastes pouvant comprometre l’émergence des économies en développement.C’est ainsi que la paix et la sécurité ont été considérés comme un préalable au développement.
Suite à l’élargissement de ce concept de sécurité, des réflexions ont été menées,notamment par l’OCDE,sur la réforme des systèmes de sécurité et les défis à relever.Cette institution relève que,dans leurs activités récentes en faveur de la réforme des systèmes de sécurité,les donateurs n’ont pas,porté une attention suffisante à l’instauration d’un environnement réellement propice à, leur pérennisation.
A titre d’exemple,par crainte de s’engager sur le long terme,les donateurs ramènent souvent la réforme de la police a une simple question de formation,négligeant l’importance de certaines conditions essentielles telles que le bon fonctionnement de système judiciaire,l’efficacité de la direction et des structures organiques de la police et la durabilité de l’appui politique indispensable au bon fonctionnement des services de police.
Pour remédier à cette situation,l’OCDE propose une réforme des systèmes de sécurité vue dans l’optique du développement.Selon cette approche, »l’objectif ultime de la réforme du système de sécurité est de mettre en place un cadre institutionnel approprié et les capacités humaines requises pour gérer les questions de sécurité d’une manière conforme aux normes démocratiques et aux principes de bonne gestion des affaires publiques.
Dans un rapport intitulé « Relever les défis de la stabilité et de la sécurité en Afrique de l’Ouest »,A.Marc et al. (2015) font la suggestion pour permettre aux politiques de développement de réduire les risques de conflits et de fragilité en Afrique de l’Ouest.
Ces suggestions sont les suivantes :
●repenser l’action des bailleurs de fonds et des agences de développement en matière de réduction de la fragilité;
●maîtriser les facteurs de conflit.
Différentes solutions ont alors été proposées pour maîtriser ces facteurs.
Il s’agit,entre autres :
●d’appréhender les défis et d’intégrer les priorités en matière de gouvernance sécuritaire dans les politiques de développement ;
●de consolider la coopération régionale et les programmes régionaux pour promouvoir la stabilité et traiter,les enjeux transfrontaliers en consacrant des appuis significatifs au développement des régions périphériques et en retard de développement et,
●de renforcer la gouvernance locale en améliorant les régimes fonciers et l’accès à la terre,la lutte contre le chômage et le sous-emploi,notamment des jeunes.
Les organisations internationales et de coopération ont également suggéré de créer des mécanismes de gestion des conflits,qui intègre les collectivités locales,la société civile et les communautés de base selon des approches inclusive et multidimensionnelles.
A ce sujet,l’expérience du Rwanda dans la consolidation de la paix par la réconciliation nous interpelle au plus haut point.
Convaincu que la justice est un préalable indispensable à toute possibilité de réconciliation,les autorités de Kigali se sont attelées à assurer une justice réparatrice et à lutter contre l’impunité.
Le système judiciaire classique du Rwanda,décapité par le génocide à connu une profondeur réforme afin de livrer une réponse efficace au besoin de justice du peuple Rwandais.
Ainsi,la loi organique n°40/2000 du 26 janvier 2011 portant création des « juridictions Gacaca » a été mise en oeuvre.
En définitive, l’Afrique fait face à plusieurs défis sécuritaires qui affectent ses perspectives de développement et qu’il convient de relever pour favoriser son émergence.
Pour permettre de relever ces défis, des leçons ont été tirées de l’expérience des pays de l’Afrique de l’Ouest et celle palpable du Rwanda.
Ainsi,un certain nombre de réformes sont essentielles pour améliorer la gouvernance sécuritaire et judiciaire,conduire les réformes institutionnelles et démocratiques indispensables et favoriser le contrôle démocratique des forces de sécurité et la prévention des menaces nouvelles (radicalisme,lutte contre le terrorisme et les crimes organisé).
Ces réformes sont impérieuses pour la cohésion sociale,la paix et la sécurité,conditions nécessaires à l’émergence des pays Africains.
PLACIDE GNAOUE