En Côte d’Ivoire, plus les fesses sont grosses mieux c’est Bobaraba, Botcho, ce sont des noms qu’on donne à ces postérieurs généreux que les hommes raffolent. Ironie du sort, bon nombre de ces grosses et belles fesses se cultive comme un champ de cacao avec beaucoup d’engrais. Et les conséquences ne tardent pas.
C’est à la mode depuis quelques temps dans les villes ivoiriennes : les femmes prennent du «grossifesse», onguent miracle au nom révélateur, ou se couvrent le derrière de gaines «push-ups» pour avoir « des popotins intelligents ». Désormais au pays de l’Akwaba, «big is beautiful». Ici les femmes rivalisent d’ingéniosité pour élargir leurs formes. La filiforme Kate Moss et ses égéries n’ont pas la côte ici. «En Côte d’Ivoire, pour être belle, il faut avoir un beau bassin», observe Marie-Laure, une commerçante de 34 ans. «Les hommes préfèrent les femmes un peu fessues».
Car les rondeurs sont signe d’opulence et de «bonne santé», explique un socio-politiste. Les belles fesses bien cambrées sont aussi gages de «maternités glorieuses», dont «les fesses sont le siège», poursuit-il. Tous les artifices semblent donc permis pour épanouir son séant. Aicha est vendeuse de «grossifesse», autrement appelé «botcho crème» dans le marché de Treichville, le plus important d’Abidjan. En nouchi, la langue de la rue en Côte d’Ivoire, «botcho» signifie «vaste arrière-train». Cet onguent, produit à base d' »huile de foie de morue », de miel ou encore de beurre de karité, selon sa notice, connaît un succès inégalé. «C’est ma meilleure vente», affirme Aicha, devant la crème «Jolis seins» et la pommade «bazooka», qui sert à «affermir et grossir les membres» des hommes. Des dizaines de pots s’arrachent chaque jour, à 15.000 ou 25.000 francs CFA (23 ou 38 euros) l’unité, poursuit-elle. Une fortune en Côte d’Ivoire. Dans son petit kiosque, deux gros cartons destinés au marché ghanéen voisin attendent d’être emportés.