Dans le couloir des urgences, le directeur du centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody fait patiemment mais fermement passer son message. « Ne vous asseyez pas par terre, allez sur les bancs à l’accueil », répète-t‑il au groupe de femmes et d’hommes venus accompagner leurs parents. Le matin même, il s’était déjà arrêté pour demander aux gens allongés dans le hall de sortir. Mais le docteur Djoussoufou Méité a conscience que rien n’est fait pour accueillir les familles dans de bonnes conditions.

« Culturellement, c’est en plus très difficile pour elles de ne pas se déplacer en nombre pour marquer leur soutien », explique-t‑il. Du coup, la salle d’attente ne désemplit jamais, et des dizaines de personnes dorment chaque nuit à même le sol autour de l’établissement. Le regard fatigué, une femme d’une quarantaine d’années attend d’être rejointe par sa sœur. Son mari a été admis il y a vingt-quatre heures pour traiter son hypertension. Faute de chambres bien équipées dans les étages, les patients restent fréquemment quarante-huit heures, parfois plus, aux urgences. Pourtant Cocody fait figure de vitrine pour la médecine hospitalière ivoirienne.

En 2014, le décès aux urgences du mannequin Awa Fadiga avait suscité un vif émoi et alimenté la polémique sur l’état de déliquescence du système de santé. Dans la foulée du scandale, la présidence de la République avait ordonné la rénovation du service.

Échographie, radiologie, laboratoire d’analyses, réfection des bâtiments… Au total, 3 milliards de F CFA (plus de 4,5 millions d’euros) ont été investis pour mettre à niveau les urgences, qui voient chaque année défiler près de 40 000 patients. « Nous disposons maintenant de l’essentiel en matière d’équipement. C’est sur l’organisation que nous devons poursuivre nos efforts », estime Djoussoufou Méité.

Actuellement, les équipes du professeur Kignelman Horo, responsable des urgences, expérimentent des chariots sur lesquels sont proposés en accès libre les médicaments indispensables au traitement des cas les plus graves.

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