Y a-t-il péril en la demeure pour que le pouvoir, via ses organes de presse, soit sur le pied de guerre et tente d’actionner un pare-feu avant les élections municipales et régionales du 2 septembre 2023?
Le Code électoral, depuis l’inscription sur la liste électorale jusqu’à la proclamation provisoire des résultats, reconnaît à tout électeur, à tout candidat, à tout parti ou groupement de partis, le droit de contestation des opérations de vote.
Pour ce faire, le contestataire d’une inscription indue sur la liste électorale, de l’éligibilité d’un candidat ou de l’élection d’un candidat doit annexer à sa requête « les pièces produites au soutien de ses moyens », c’est-à-dire qu’il doit produire des preuves matérielles irréfutables pour espérer avoir gain de cause.
Tirant les leçons de la présidentielle controversée de 2010 et des fraudes qui émaillent tous les scrutins en Côte d’Ivoire, le PPA-CI a voulu se donner les moyens de sa politique. Pour exercer valablement le droit de contestation qui lui est reconnu, il a créé, depuis le 5 mai 2023, un organe de lutte contre la fraude électorale.
Appelé Sentinelles anti-fraude électorale ou SAFE, le dispositif, dirigé par l’avocate Habiba Touré, n’interfère ni dans le fonctionnement de la Commission électorale indépendante (CEI) ni dans le processus électoral.
À travers un travail, qui se veut scientifique de documentation et de collecte des preuves, SAFE se donne pour missions de « surveiller, détecter » et de « dénoncer les irrégularités constatées dans le processus électoral » auprès des structures compétentes.
C’est la première fois qu’un parti ivoirien prend à bras le corps le récurrent problème de « la technologie électorale », que fustigeait déjà Laurent Dona Fologo.
C’est alors le branle-bas et l’électrochoc « dans un pays où la fraude électorale, selon Me Touré, est si banale qu’elle apparaît chez certains comme étant un mode normal de fonctionnement. »
De là à crier au loup et entreprendre une campagne de diabolisation des empêcheurs de tricher en rond, il n’y a qu’un pas que le régime Ouattara a choisi de franchir allègrement.
F. M. Bally