Ces 6 et 9 août 2020, 75 ans se seront écoulés depuis que l’humanité est entrée dans l’ère du feu atomique. Bien que, pour beaucoup de nos contemporains, la menace d’une annihilation de l’humanité dans un conflit nucléaire passe loin derrière les cataclysmes climatiques, les désordres du monde nous invitent à renouveler notre vigilance et notre action pour le bannissement universel de cette arme hors du commun.

La nucléarisation de la péninsule arabique, nucléaire civil, mais duale aux Emirats Arabes Unies, la montée des tensions entre les puissances nucléaires chinoises et indiennes, et pour ce qui nous concerne depuis 2019, un accord cadre Russie / République du Congo pour la construction d’un Centre de la science nucléaire et des technologies (CSNT) à Brazzaville.

La dissémination de la technologie nucléaire est le fonds de commerce de l’axe autoritaire qui cherche de manière active à mettre fin à l’ordre international libéral et démocratique. Les puissances moyennes comme la France ont une responsabilité particulière dans la première dissémination à l’Iran du Shah, à l’Irak de Saddam et à l’Afrique du Sud de l’Apartheid pour ne citer que les cas les plus emblématiques. Aujourd’hui, c’est plutôt la Russie, la République Populaire de Chine, le Pakistan et la République Populaire de Corée du Nord qui se livrent à une dissémination du feu nucléaire comme contrepartie d’une pseudo sphère d’influence. 

Le régime de Brazzaville dans son plan stratégique souhaite se doter du feu nucléaire. On peut choisir d’en rire ou prendre au sérieux le délire façon Juche ou Mobutu d’une dictature aux abois qui souhaite se pérenniser à tout prix. Le nucléaire dual (civile à vocation militaire) est la solution ultime de souveraineté pour les régimes voyous. Il apporte la garantie d’une “inviolabilité” du territoire national en cas de velléité d’intervention armée extérieure ; Denis Sassou Nguesso ne veut pas finir comme Kadhafi et Saddam Hussein qu’il a bien connus. Les marchands françafricains de centrale en kit et de centrifugeuses comme Claude Fischer-Herzog se bousculent entre Oyo et Courbevoie pour être du deal du siècle qui nucléairisera le continent Africain. 

Le feu atomique menace plus que jamais d’emporter l’ordre libéral et démocratique. Il n’y a pourtant aucune fatalité. Il est encore possible de choisir une voie de développement qui n’implique pas de suspendre sur la tête de nos enfants l’épée de Damoclès de la folie nucléaire. L’électrification par l’exploitation du potentiel hydroélectrique et solaire du continent Africain sont des horizons atteignables. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments publics et, pourquoi pas, la ville à énergie positive sont autant de perspectives durables. 

Enfin, pour en finir avec la “souveraineté toxique” qui pousse à la dissémination nucléaire nous renouvelons notre appel à l’émergence d’un droit des “communs mondiaux” c’est-à-dire une “souveraineté ouverte et planétaire” de la santé publique mondiale, des mers, des fleuves, de l’atmosphère et du proche espace.